Un jour, à midi, en mettant sur la table une magnifique tarte dorée, on s'aperçoit qu'une prune manque. Au milieu, il y a un joli trou bien rond.
On s'exclame, on s'interroge. Une souris, peut-être ?
Sale petite bête … Mais non, elle n'aurait pas creusé le milieu … On nous regarde.
C'est moi qui, la veille au, suis rentrée dans la salle à manger déjà sombre … j'ai tourné la clef du placard, j'ai senti dans le noir l'odeur encore chaude, j'ai tâtonné doucement jusqu'à ce que ma main rencontre la tarte. Alors j'ai tiré doucement une prune – délicieuse ! – et je suis revenue m'asseoir sans bruit dans le jardin, parmi les autres… Ca ne se verra pas…
« C'est toi, Henri ? Interroge Maman, sévère.
_ Non, Maman.
_ C'est toi, Isabelle ? Silence.
_ Alors, c'est toi ? Dis-le ». Silence.
« Ce n'est pas Henri, puisqu'il dit non. Henri n'est pas menteur. Ce ne peut être que toi …. Allons, avoue ! Dépêche-toi ! »
Je me tais.
On me prie, on me menace, on me secoue :
« Petite tête de mule ! »
On me punit; je voudrais le dire, je ne peux pas.
Et tout l'après-midi, enfermée dans ma chambre aux volets clos, je pense avec admiration et envie : « Henri n'est pas menteur ».
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